Jodhpur la bleue

Jodhpur la bleue

Bonjour à tous,

Nous arrivons de Pushkar en train. Les 6h de voyage nous semble bien long, coincés dans notre compartiment avec une famille indienne charmante. Malheureusement, le petit et le père restent pendu à leurs téléphones portables pour jouer à des jeux bruyants. La communication avec la mère reste difficile ce qui ne nous empêche pas de passer de bons moments en leur compagnie. Nous avons eu un réel échange sain avec cette famille originaire de Jodhpur, chose qui nous manque depuis notre arrivée dans le nord…

Notre hôtel est une haveli, c’est à dire une ancienne maison de riches commerçants. Ces bâtisses typiques du Rajasthan sont finement décorées et souvent fortifiées pour protéger les richesses accumulées par les échanges commerciaux (argent, opium, pierres précieuses…). Notre chambre de la singhvi haveli est vielle de 400 ans, avec des incrustations de pierres colorées et miroirs dans les murs. Il y a même un prince Rajput coiffé de son turban orange en photo qui nous fixe toute la nuit! Lors de notre visite de la ville, on s’aperçoit que cette parure colorée est de plus en plus portée. On apprend que le port du turban est très codifié et que chaque couleur et motif indique une caste et un rang social.

Après la ville rose et blanche, nous voici dans la ville bleue. Les habitants ont toujours été de grands adorateurs de Vishnou (c’est la seule divinité qu’on reconnaisse, elle est toute bleue!). Cette couleur arbore donc les façades de presque toutes les maisons de la vielle ville, en hommage à leur dieu. Par la suite, ils se sont rendu compte que la couleur repoussait les moustiques, cette tradition a donc perduré!

Le fort de Jodhpur, le mehrangarh, surplombe l’immense étendue bleue. Cette forteresse imprenable a toujours été un point stratégique des empereurs Moghols. La cité protégeait la capitale de l’époque, Jaipur, des invasions venues de l’Ouest. Il a été construit dans une falaise de roche rouge. Encore plus que le fort d’Amber de Jaipur, la délicatesse des sculptures et des portes rappellent que nous sommes aussi dans un palace. La double fonction de protection et d’habitat des chefs du royaume en font un fort unique.

Lors de nos promenades dans le marché aux épices, nous retrouvons les sourires. Encore plus qu’à Pushkar, les commerçants nous abordent gentiment pour le plaisir de discuter. Ils nous font sentir et découvrir une des spécialités de la ville : leurs épices. Avec une dizaine d’entre elles, que nous connaissons tous (clous de girofle, poivre, piment, feuille de curry, noix de coco, muscade, cannelle, cumin, coriandre, anis, cardamome, noix, ….), ils réalisent des mélanges variés pour le plaisir des palets.

Nous tentons à nouveau le tour organisé avec une adresse du routard : une association qui aide à préserver et développer la communauté des Bishnois dans la campagne de Jodhpur. Ils sont les premiers écologistes ayant une liste de 29 règles qu’ils doivent respecter. Alors que certaines sont communes à presque tous le peuple Hindou comme le végétarisme ou l’interdiction de fumer de’ l’opium; d’autres sont plus curieux comme l’interdiction de porter du bleu ou alors d’aimer et d’aider tous les êtres vivants sans condition. Pour anecdote, les femmes ont protégé les arbres de leur terre lorsque le Maharaja de Jodhpur voulut les couper pour son palais. 300 femmes et enfants ont alors entouré les arbres de leurs bras, ce qui n’a pas empêché le sultan de couper les arbres. On vous laisse imaginer la suite… Cruel india! Ce peuple est donc près à protéger par leur vie les autres êtres vivants. Les gazelles ou les antilopes le sentent et se déplacent librement autour du village! Nous sommes 4 français guidés par un représentant de l’association qui distribue des médicaments et prend des nouvelles des personnes âgées du village. On se sent un peu à l’écart, sans trop comprendre ce qui se passe. Les questions se font en langue locale, mais on ne nous traduit pas toujours les réponses! On ne sait pas trop si on fait du tourisme responsable qui finance les projets dans les villages où si on fait du voyeurisme avancé…. On nous incite fortement à se faire prendre en photo avec eux, accentuant notre malaise… C’est quand même une expérience intéressante, qui nous permet de voir l’inde rurale du Rajasthan.

Pour notre prochaine étape, nous allons dans le désert de Thar, à la frontière du Pakistan… ça promet d’être chaud!

A bientôt,

Tania et Baptiste