Varanasi, la ville sainte

Varanasi, la ville sainte

Bonjour à tous,

Varanasi, ou Bénarès pour les intimes, tient une place très importante dans le monde Hindou. C’est une ville sainte au même titre que le Vatican ou la Mecque. Il y règne une atmosphère envoûtante que nous n’avons jamais retrouvé ailleurs. C’est une des plus anciennes villes du monde. Comme son nom hindou l’indique “lieu qui attire tous le monde”, la ville est bondée de croyants, de prêtres oranges (où nu, les Sadhus), de vaches, de quelques touristes… C’est une révélation pour nous, bien qu’on ne se soit toujours pas convertis à l’Hindouisme, c’est une ville inspirante qui heurte de plein fouet nos certitudes occidentales sur la vie et la mort. On n’en ressort pas indemne.

Une des premières choses que nous voyons, ce sont bien sûr les ablutions dans le Gange. Les Hindous viennent au petit matin et au soleil couchant se purger de leurs pêchers en se plongeant 5 fois dans l’eau du fleuve sacré et en buvant une gorgée d’eau (quelle idée!). De notre petite barque, on assiste à ces scènes de vie émouvantes et intimidantes. Une fois les pêchers lavés, c’est le reste qu’on lave : le corps, les dents, le linge ou les buffles sacrés… Les Gaths (berge du fleuve) sont une combinaison de temple extérieur et de salle de bain. Le Gange semble corrosif rien qu’à le regarder tellement il est sale et pollué et on se demande comment ils font pour s’y baigner, s’y purger et encore plus pour laver notre linge… On ose même pas y tremper le petit doigt, on ne peut même pas vous dire la température de l’eau!

Dans le Chowk, la vielle ville de Varanasi, les minuscules ruelles ressemblent comme deux gouttes d’eau à notre idée du moyen âge. L’ambiance y est saisissante. Les poubelles sont jetées dans la rue, elles font office de nourriture pour les vaches et les chiens errants. Quelques guirlandes de fleurs rescapées des temples traînent à coté des nombreuses bouses; nos chères vaches se chargent d’éliminer la seule chose qui pourrait rendre l’odeur plus supportable. Bien sûr, Baptiste a eu droit à un peu de sacrée en plongeant allégrement les deux pieds dans une bouse bien fraîche lors d’une balade de nuit dans ce labyrinthe. En effet, il n’y a pas d’éclairage publique et les coupures de courant sont fréquentes. Baptiste devrait il voir cela comme un signe divin ?

Deux choses nous ont intimidés et fascinés : les crémations et les sadhus. On vient à Varanasi pour y mourir. Le rêve de tout Hindou qui souhaite arrêter le cycle de réincarnation est de mourir à Varanasi et de voir son enveloppe corporel brûlée près du Gange. L’âme sera ainsi libérée pour toujours. On assiste à ces rituels orchestrés par les familles jusqu’à la mise à feux du bûcher sur les rives du fleuve. On voit une tête qui dépasse d’un des bûchers en flamme, une paire de pieds nus sur un autre. La première fois, on n’est pas resté longtemps! On ne se sentait pas vraiment à notre place… Mais finalement, quitte à se faire rôtir sur du bois de santal, autant que cela soit beau et cérémonieux dans un cadre magnifique!

Des tas de cendres jonchent le sol et se répandent petit à petit dans le fleuve. Les moines Sadhus s’en recouvrent leurs corps nus. Ce sont d’étrange homme saint arborant une étonnante tignasse. Nous avons la chance de voir un rassemblement de centaines de Sadhus sur les Gaths de Varanasi (quai en escalier qui descendent sur le Gange). Ils revenaient de la Kumbha Mela, la fête religieuse rassemblant 70 millions se tenant tout le 12 ans  à Allahabad. Ils campent, se chauffent et cuisinent au feux de bois dans leur petites tentes de fortune sur les Gaths et invitent les passants à venir s’assoir avec eux pour discuter. Tania est conviée, mais la communication se résume à des quintes de toux et des gestes pour dissiper la fumée plutôt que des dialogues sur la spiritualité. Baptiste l’a sorti à bout de 5 min, on aurait dit un saumon fumée tout rose!

Après quatre jours dans cette ville, nous avons l’impression de découvrir encore ces ambiances si particulières et si énigmatiques. Et pourtant nous n’avons pratiquement rien fait à part se promener dans la ville et sur les gaths, fait des ballades en barque et s’enivrer de toutes ces scènes magiques de jour comme de nuit.  Varanasi est une expérience unique dont on se souviendra longtemps.

Un proverbe Hindou traduit ce que nous ressentons ici : “Le lotus éclot sur la pourriture, mais sa robe n’est pa souillée”, incredible India! Finalement, c’est un mélange d’attraction et de répulsion, où la beauté et la poésie de ce lieu prime sur l’horreur que nos sens primaires découvrent au premier abord. C’est de loin une de nos meilleures expériences indiennes!

Prochaine étape : Agra, la ville du Taj Mahal!

A bientôt,

Tania et Baptiste