retour avec une chapka sur la tete!

Kontum

Bonjour à tous,

Nous quittons Hoi An pour aller à Kontum, au coeur des hauts plateaux, région oubliée du tourisme où les minorités ethniques vivent dans les montagnes.

Le trajet de nuit

Nous prenons un premier bus qui nous dépose à 15km de l’hôtel où nous avons l’agréable surprise d’attendre la correspondance non prévue. Nous faisons la connaissance de la famille de la petite échoppe qui nous offre des bananes pour une semaine et du thé. Nous rencontrons alors nos premiers vrais problèmes de communication : nous mettons une heure à comprendre que le bus arrivera bien mais dans 3h! Nous sommes quand même chanceux, la famille est accueillante et c’est le soir de la pleine lune. Nous assistons donc aux rituels bouddhistes mensuels. La communication avec les ancêtres de la famille consiste à jeter ce qui est posé sur l’autel (bananes, sucres, fleurs…) dans la rue et à les brûler. Assis sur nos chaises de lilliputiens en plastiques, on se fait enfumer en sirotant notre thé… la bonne augure de la famille a un prix.

Le bus arrive enfin! Nous quittons le Vietnam populaire et traditionnel pour monter dans une soucoupe roulante éclairée par des néons bleus et rouges. On se couche dans nos capsules individuelles à taille asiatique. L’appui tête de Baptiste lui arrive dans la nuque. Tania a les genoux collés à un écran plat diffusant un film de guerre américain, doublé par une seule et unique voix d’homme en vietnamien. Les scènes deviennent d’une monotonie incroyable mais hilarante lorsque le héros et l’héroine se disent des mots doux…

Kontum

Après cette nuit exigue, nous arrivons dans le Vietnam profond. Kontum est finalement une grosse ville peu accueillante où les longues rues bétonnées ressemblent à toutes les rues que nous avons vue jusque là. On le sait, notre but est d’aller rencontrer les minorités Banarh vivant dans les environs.

Le trek

Nous partons le lendemain matin avec une guide. Il est en effet interdit d’y aller seul. On trouve cela bien : c’est une façon de protéger les minorités des effets néfastes du tourisme. Banh est Banarh mais en plus de parler son dialecte, elle parle le vietnamien et l’anglais.

Notre première journée commence par un trek dans la jungle afin d’arriver au village où nous passerons la nuit. Durant la randonnée qui passe par des rizières et une remontée dans le lit d’une rivière, Banh nous raconte des légendes et contes de sa communauté; héritage orale tenue de sa grand-mère (chaque rocher et chaque arbre a son histoire – on en a eu tellement qu’on ne peut pas en choisir une sans vous raconter les autres…).  On marche dans des paysages variés sous une chaleur étouffante. Sous une mousson soudaine, nous ressentons ce qu’on pu vivre les militaires pendant les guerres face à cette jungle impénétrable et imprévisible. Cette forêt dense et mystérieuse fût une des raisons de la victoire des Vietnamiens.

En remontant sur les collines, le paysage devient aride et apocalyptique. Nous sommes cernés par des feux déclenchés par les villageois pour gagner des terrains de cultures. Les minorités ayant été dépossédés de leurs terres par les vietnamiens n’ont d’autres choix que de s’enfoncer de plus en plus dans la jungle. Malheureusement, ils ne font qu’une agriculture de manioc qui assèche les terres rendant toute autre plantation impossible après 3 ans. La rentabilité et la vente à la chine leur permet de ne pas mourir de faim. Nous sommes face à un dilemme sans solution : sans manioc ils ne peuvent survivre, sans nouvelles terres ils ne peuvent cultiver, et aucune alternative n’est proposée par les rangers et les politiciens rongés par la corruption. Face à ce spectacle, notre guide à les larmes aux yeux, consciente du lent suicide que sa communauté et en train de commettre sous nos yeux.

Notre nuit au village

Nous dormons dans une maison Banarh en bambou sur des nattes un peu dure. La maison communautaire Rong fait face à notre cabane sur pilotis. Elle est au centre de chaque village Banarh et sert de salle communale, aussi bien comme lieu de réunion présidé par le chef du village que comme dortoir lorsque les jeunes des villages voisins viennent courtiser les jeunes filles. Son origine proviendrait du fils Rong qui souhaitait montrer au village que son père était le plus puissant. Avec l’aide des villageois il fit construire la maison la plus haute. Encore aujourd’hui, elle représente la richesse et la puissance du village. Elle possède une forme de hache lorsqu’on la regarde de face. Cela symbolise la force et le travail manuel. De profil, elle a une forme en biseau représentant des mains jointes, symbole de la prière. Tous ces villages ont été converti de l’annimisme au christianisme par des missionnaires catholiques.

Durant notre deuxième journée, nous nous promenons à moto dans les villages Banarh et Giarai.

Les minorités

Ces deux jours loin des foules de touristes nous ont permis de comprendre un peu mieux ces minorités souvent oubliées. Ce fût une expérience unique. L’organisme d’éco-tourisme reverse un pourcentage pour la création de projets aidant la communauté Banarh. Touchés par leur histoire, nous espérons que leur culture résistera à la globalisation et que le gouvernement vietnamien prendra des mesures efficaces pour protéger leur jungle sans les contraindre à perdre leur âme.

Pour notre prochaine étape, fini la culture, on retourne au pays de Babar…

A bientôt,

Tania et Baptiste