Mékong : Vinh Long et Cân Tho
Bonjour à tous,
Le delta du mékong est dans l’imaginaire collectif un lieu mystérieux. Marguerite Duras nous l’a raconté dans Un barrage contre le pacifique comme un endroit où la malaria règne, où les enfants meurent de choléra en mangeant des mangues vertes infestées et où la vie se résume à une bataille quotidienne et vaine contre l’eau. La température de cette région rappelle les serres du jardin des plantes, nous ne cessons de transpirer. Le Mékong, mère des eaux, d’un couleur marron, règne sur ces terres peu accueillante où l’homme a du se battre pour s’installer et profiter de la richesse luxuriante en exploitant la pêche et l’agriculture. C’est maintenant une région prospère qui nourrit une bonne partie du Vietnam.
Nous décidons de visiter le cœur du delta, à savoir, Vinh Long et Can Tho, et nous mettons de coté Sadec, avec tristesse, la ville de Marguerite Duras.
Vinh Long
En arrivant à Ving Long, nous sommes abordés par Jean-pierre, un suisse installé depuis 3 ans ici. Il nous invite pour un jus d’avocat, et assez rapidement il nous propose de nous faire visiter la région en réalisant une grande promenade à vélo. En plus, il nous propose de nous héberger chez lui afin d’organiser plus facilement la ballade. Devant ce programme parfait, nous acceptons avec plaisir! Nous sommes présentés à sa femme Vietnamienne avec qui il vit dans les environs de Vinh Long dans une maison entourée d’arbres fruitiers et de rizières. Ils nous programment un grand parcours nous permettant de voir la ville de Cai Bé et de traverser l »ile d’An Binh.
le Mékong en vélo
Nous commençons à 9h30, sous une chaleur qui laisse présager le pire. Vers 13h, ça devient difficilement supportable, et on entend même Tania murmurer « je veux avoir froid! » et Baptiste sue comme un gros colon. Des gouttelettes d’eau se forme sur tout notre corps de façon continue. Nous pédalons sur des petites routes entrecoupées de rivières que nous traversons soit par de petits ponts soit en prenant des bacs. Les vergers et les champs de riz d’un vert éclatant défilent. Au détour d’un virage, nous croisons un stand où une tête de chien est attaché à un crochet, nous rappelant que manger du chien n’est pas une légende.
Cette partie du Mékong est constitué d’îles dont la plus grande, An Binh, se traverse en 1h30 de vélo. Nous profitons des bacs pour faire des pauses dans cette journée sportive. Lors des traversées, on s’immerge ainsi dans la vie du delta, hors sentier touristique. Les vietnamiens utilisent ces bacs pour aller travailler, pour transporter leurs marchandises, et même pour aller faire un combat de coq (chut, c’est interdit!). Bien sûr, presque personne ne prend le bac à pied : embarquer ressemble au départ du Paris-Dakar tant les motos et vélos se collent pour être les premiers.
La végétation et les paysages que nous traversons sont luxuriants. Les arbres fruitiers se battent avec les bananiers pour chaque lopin de terre. Jean-Pierre nous guide à travers ce labyrinthe de petits chemins de terre. Lors des pauses, nous avons de longue et riche conversation qui nous fait partager son expérience du Vietnam. Il serait impossible de vous relater toute nos conversations (D’ailleurs, il faut bien qu’on en grade un peu pour nous!). En tout cas, merci à Jean-pierre pour son accueil et sa générosité, nous avons vraiment apprécié les moments passés tous les quatre.
L’histoire d’une femme
Par contre, on aimerait vous raconter l’histoire touchante d’une femme Vietnamienne.
Abandonnée par sa mère dans un panier lorsqu’elle n’avait que quelques mois sur un marché, elle a eut la chance de ne pas être mangé par les chiens errants. Sa mère ne pouvait la garder, son amant lui ayant promis la mort pour elle et son enfant si elle revenait le voir. L’enfant est élevé par une famille de Vinh Long ayant trouvé le panier. Le père violent et la mère travaillant sans relâche, l’enfant fût relayé au jardin et grandit seule se nourrissant des restes de la maison et des arbres fruitiers. A l’adolescence, elle fût vendue à un cambodgien qui devient son mari… pour une période de 20 jours. Elle le quitta avec son enfant dans le ventre et rentra chez elle. Elle travailla 15 heures par jours pendant des années pour élever son enfant maternelle ainsi qu’une enfant trouvé lui aussi dans la rue. Elle fît de nombreux métiers, travaillant par exemple dans une usine de filets de poisson. Un jour, comme dans les films, le prince charmant arriva sous un aspect trompeur (en haillons). C’était en fait un riche malais qui souhaitait être aimé pour lui-même et non pour sa fortune… la promesse de mariage fût échangé avant qu’il n’avoue sa richesse… Malheureusement, le prince mourra noyé dans son pays 10 jours plus tard avant qu’il n’ait pu organiser le voyage de la famille. Elle retourna donc à ces filets de pêche. Quelques années plus tard, ne voulant plus entendre parler d’homme, un autre homme arrive dans sa vie et lui promet une vie paisible, où elle est aimé, et où ces enfants peuvent même aller à l’école et être en bonne santé. Nous admirons le courage de cette femme avec qui la vie n’a pas été tendre.
Cette histoire vraie incomplète et imprécise est un destin parmi d’autres. Ces femmes vietnamiennes sont nombreuses à devoir se battre pour leur survie et celles de leurs enfants au quotidien face à ces hommes souvent machos, feignant et quelques fois alcooliques. Ce n’est pas la carte postale touristique du Vietnam, mais c’est une réalité que l’on a pu découvrir.
Can Tho
Cette deuxième ville est située sur un des 9 grands bras du fleuve et c’est le centre névralgique du Mékong avec l’un des plus grands marchés flottants du delta.
Maison du chinois de Marguerite Duras
Nous étions content de trouver un peu de Marguerite Duras à Can Tho. Nous avons visité une maison vietnamienne ayant servi de décor pour le film L’amant (la maison du Chinois). Dans un salon richement décoré se tient un grand et magnifique autel aux ancêtres. Il y a naturellement cette grande table vide utilisée pour la fête du Têt (Nouvel an Vietnamien). Lors de cette cérémonie toutes les générations sont réunies et rendent hommage à leurs ancêtres. Sur l’autel, les quatre dernières générations sont présentes en photos.
Le Mékong en bateau
Après avoir visité le delta depuis le planché des vaches lors de notre promenade en vélo, nous souhaitions le faire depuis l’eau. Vers 5h30 du matin, les yeux à peine ouverts, nous partons sur le Mékong pour aller voir les marchés flottants sous la douce lumière de l’aube. On remonte le Mékong vers le Nord en longeant des maisons sur pilotis un peu vétustes. Les bateaux des marchés flottants vendent en gros les produits du delta : Ananas, mange, tomate… Sur de longues perches en hauteur accrochées à leurs bateaux, nous pouvons voir un exemplaire de leur marchandise. On se rend bien compte que le Mékong est bel et bien le cœur névralgique du delta et que le commerce et la vie se font sur l’eau. On trouve même des stations à essences sur pilotis!
Prochaine étape, on va se dorer la pilule sur une île… et oui, encore!
Tania et Baptiste
Wow ! Merci pour ce long et beau reportage, (quand on connaît la lenteur des serveurs en Asie, vous devez passer au moins deux heures, voir trois, pour mettre à jour votre blogue…..). Bisous